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gager, par l’espoir des récompenses et des priviléges, les jeunes gens qui avaient reçu une éducation distinguée[1], à se livrer à l’étude et à la pratique de l’architecture. Les constructions de la nouvelle ville furent exécutées par des ouvriers tels que le règne de Constantin pouvait les fournir ; mais elles furent décorées par la main des artistes les plus célèbres du siècle de Périclès et d’Alexandre. Le pouvoir d’un empereur romain n’allait pas jusqu’à ranimer le génie de Phidias et de Lysippe ; mais les immortelles productions qu’ils avaient léguées à la postérité, furent livrées sans défense à l’orgueilleuse avidité du despote. Par ses ordres, les villes de la Grèce et de l’Asie furent dépouillées de leurs plus riches ornemens[2]. Les trophées des guerres mémorables, les objets de la vénération religieuse, les statues les plus précieuses des dieux et des héros, des sages et des poètes de l’antiquité, contribuèrent à l’embellissement de la superbe Constantinople, et ont fait

  1. Voyez le Code Théodos., l. XIII, tit. 4, leg I. Cette loi est datée de l’an 334 ; elle fut adressée au préfet d’Italie, dont la juridiction s’étendait sur l’Afrique. Le commentaire de Godefroy sur le titre entier mérite d’être consulté.
  2. Constantinopolis dedicatur penè omnium urbium nuditate. Chron. de saint Jérôme, page 181. Voyez Codinus, p. 8, 9. L’auteur des Antiquit. Const., l. III (Apud Banduri. imp. or., t. I, p. 41), indique Rome, la Sicile, Antioche, Athènes et beaucoup d’autres villes. Il y a lieu de croire que les provinces de la Grèce et de l’Asie Mineure donnèrent le plus riche butin.