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cortége, et dirigeait le sillon destiné à tracer l’enceinte de la capitale ; il le fit continuer si long-temps que les spectateurs en furent étonnés. Quelques-uns lui ayant fait observer qu’il avait déjà excédé les plus vastes dimensions d’une grande ville : « J’avancerai, répondit Constantin, jusqu’à ce que le guide invisible qui marche devant moi, juge à propos de m’arrêter[1]. » Sans prétendre expliquer la nature ou les motifs de cet extraordinaire conducteur, nous nous bornerons modestement à décrire l’étendue et les limites de Constantinople[2].

Étendue de Constantinople.

Dans l’état où est aujourd’hui la ville, le palais et les jardins du sérail occupent le promontoire oriental, la première des sept collines, et renferment environ cent cinquante acres anglais. Le siége de la défiance du despotisme ottoman est posé sur les fondations d’une république grecque ; mais il est probable que les Byzantins avaient été tentés, par la commodité du port, d’étendre leurs habitations de ce côté au-delà des limites actuelles du sérail. Les nouveaux

  1. Philostorgius, l. II, c. 9. Cet incident, bien que tiré d’un écrivain suspect, est caractéristique et vraisemblable.
  2. Voyez dans les Mémoires de l’Acad. des inscriptions, t. XXXV, p. 747-758, une dissertation de M. d’Anville sur l’étendue de Constantinople. Le plan inséré dans l’Imperium orientale de Banduri lui paraît le plus complet ; mais par une suite d’observations très-judicieuses, il réduit la proportion extravagante de l’échelle, et il fixe la circonférence de la ville à environ sept mille huit cents toises de France, au lieu de neuf mille cinq cents.