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l’Orient durent en quelque sorte leur salut à la politique de Constantin. Les Barbares de l’Euxin, qui, dans le siècle précédent, avaient conduit leurs flottes jusqu’au centre de la Méditerranée, désespérant de forcer cette barrière insurmontable, renoncèrent bientôt à leurs pirateries. Lorsque les portes du Bosphore et de l’Hellespont étaient fermées, la capitale n’en souffrait point. Les denrées de nécessité, et les jouissances du luxe et de l’opulence se trouvaient en abondance dans sa spacieuse enceinte. Les côtes maritimes de la Thrace et de la Bithynie, accablées sous le poids du despotisme ottoman, présentent encore une riche perspective de vignes, de jardins, et de terres fertiles et cultivées ; et la Propontide a toujours été renommée par la quantité inépuisable de ses poissons délicieux : ils s’y rendent régulièrement tous les ans dans la même saison, et on peut en pêcher abondamment sans adresse et presque sans peine[1]. Quand le passage des détroits était ouvert au commerce, toutes les richesses de la nature et de l’art s’y rendaient du nord et du sud, par l’Euxin et par la Méditerranée. Tout ce que pouvaient fournir de grossières denrées les forêts de la Germanie et de la Scythie, depuis les sources du Tanaïs et du Borystène ; tous les produits de l’industrie de l’Europe et de

  1. Voyez Belon, Observations, c. 72-76. Parmi une grande variété de poissons, la pelamide, espèce de thon, était le plus renommé. On lit dans Polybe, Strabon et Tacite, que les bénéfices de la pêche formaient le principal revenu de Byzance.