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commencée attirèrent long-temps les yeux et l’attention des navigateurs[1].

Avantages de la situation de Constantinople.

Ce tableau succinct doit avoir mis le lecteur en état d’apprécier les avantages de la position de Constantinople. La nature semble l’avoir formée pour être la capitale et le centre d’un grand empire. Située au 42e degré de latitude, la ville impériale dominait, du haut de ses sept collines[2], les rives de l’Europe et de l’Asie. Le climat était sain et tempéré, le sol fertile, le port vaste et sûr. Le seul endroit susceptible d’être attaqué du côté du continent, était d’une petite étendue et d’une défense facile. Le Bosphore et l’Hellespont sont pour ainsi dire les deux portes de Constantinople ; et le prince qui était le maître de ces passages importans pouvait toujours les fermer aux flottes des ennemis, et les ouvrir à celles du commerce. Les provinces de

  1. Zosime, l. II, p. 105 ; Sozomène, l. II, c. 3 ; Théophanes, p. 18 ; Nicéphore-Calliste, liv. VII, p. 48 ; Zonare, tom. II, l. XIII, p. 6. Zosime place la nouvelle ville entre Ilium et Alexandrie ; mais cette différence apparente peut s’expliquer par la grande étendue de sa circonférence. Cedrenus (p. 283) assure qu’avant la fondation de Constantinople, on voulait établir le siége de l’empire à Thessalonique, et Zonare dit qu’on voulait l’établir à Sardique. Ils supposent l’un et l’autre, avec peu de vraisemblance, que si un prodige n’eût pas arrêté l’empereur, il aurait renouvelé la méprise des aveugles Chalcédoniens.
  2. Description de l’Orient par Pococke, vol. II, part. II, p. 127. Son plan des sept collines a de la netteté et de l’exactitude ; il est rare que ce voyageur soit aussi satisfaisant.