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formèrent une petite église à Bœrée, aujourd’hui Alep en Syrie[1]. Le nom de nazaréen parut trop honorable pour ces Juifs chrétiens ; ils furent bientôt appelés ébionites[2], terme de mépris, qui marquait la pauvreté prétendue de leur esprit, aussi-bien que de leur condition[3]. Peu d’années

  1. Le Clerc (Hist. ecclésiast., p. 477, 535) paraît avoir tiré d’Eusèbe, de saint Jérôme, de saint Épiphane et de quelques autres écrivains, toutes les circonstances principales qui ont rapport aux nazaréens ou ébionites. La nature de leurs opinions les divisa bientôt en deux sectes, l’une plus rigide, l’autre plus douce. Il y a quelques raisons de conjecturer que les parens de Jésus-Christ restèrent attachés, au moins comme membres, à ce dernier parti, qui était le plus modéré.
  2. Quelques écrivains se sont plus à créer un Ébion, auteur imaginaire du nom et de la secte des ébionites. Mais nous pouvons bien plus compter sur le savant Eusèbe, que sur le véhément Tertullien, ou sur le crédule Épiphane. Selon Le Clerc, le mot hébreu ebjonim, peut être traduit en latin, par celui de pauperes. Voyez Hist. ecclésiast., p. 477.
  3. La dénomination d’ébionites est plus ancienne. Les premiers chrétiens de Jérusalem avaient été appelés ébionites à cause de la pauvreté à laquelle les avait réduits leur bienfaisance. (Voyez Actes des Apôtres, c. 4, v. 34 ; c. 11, v. 30 ; Ép. aux Gal., c. 2, v. 10 ; — aux. Rom., c. 15, v. 26.) Ce nom resta à ceux des Juifs chrétiens qui persistèrent dans leurs opinions judaïsantes, et demeurèrent à Pella : ils furent accusés, dans la suite, de nier la divinité de Jésus-Christ, et, comme tels, exclus de l’Église. Les sociniens, qui, plus récemment, niaient ce dogme, s’appuyèrent de l’exemple des ébionites pour montrer que les premiers chrétiens n’avaient pas à ce sujet d’autre opinion que la leur. Arté-