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Relation probable des souffrances des martyrs et des confesseurs.

Dans cet exposé général de la persécution que les édits de Dioclétien avaient d’abord autorisée, j’ai omis à dessein le tableau des souffrances particulières et de la mort des martyrs. Il m’aurait été facile de tirer de l’histoire d’Eusèbe, des déclamations de Lactance et des plus anciens actes, une longue suite de peintures affreuses et révoltantes. J’aurais pu parler avec étendue des chevalets et des fouets, des crochets de fer, des lits embrasés, et de toute cette diversité de tourmens que le fer et le feu, les bêtes sauvages et des bourreaux plus sauvages encore, peuvent faire subir au corps humain. Ces tristes scènes auraient pu être animées par une foule de visions et de miracles destinés à retarder la mort des martyrs, à célébrer leur triomphe, ou à découvrir les reliques des saints canonisés. Mais je ne peux déterminer ce que je dois écrire, tandis que j’ignore ce que je dois croire[1]. Un des plus graves auteurs de l’histoire

    que les chrétiens ont éprouvée aux gouverneurs et aux juges, qui n’avaient pas bien compris ses intentions. Voyez l’Édit dans Eusèbe, l. IX, c. 10.

  1. La critique historique ne consiste pas à rejeter indistinctement tous les faits qui ne s’accordent pas avec un système particulier, comme le fait Gibbon dans ce chapitre, où il ne consent qu’à la dernière extrémité à croire à un martyre. Il faut peser les autorités, et non les exclure de l’examen ; or, les historiens païens justifient en plusieurs endroits les détails que nous ont transmis les historiens de l’Église sur les tourmens endurés par les chrétiens. Celsus reproche aux chrétiens de tenir leurs assemblées en secret, à cause de la crainte que leur inspirent les châtimens ;