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glés, qui avaient abandonné la religion et les cérémonies de leurs ancêtres, et qui, méprisant audacieusement les pratiques de l’antiquité, avaient inventé des lois et des opinions extravagantes, sans autre règle que leur fantaisie, et avaient formé diverses sociétés dans les différentes provinces de notre empire. Comme les édits que nous avons publiés pour maintenir le culte des dieux ont exposé plusieurs chrétiens aux périls et aux calamités ; comme quelques-uns d’entre eux ont souffert la mort, et que d’autres, en bien plus grand nombre, qui persistent toujours dans leurs folles impiétés, se trouvent privés de tout exercice public de religion, nous sommes disposés à étendre jusque sur ces infortunés les effets de notre clémence ordinaire. Nous leur permettons donc de professer librement leur doctrine particulière, et de s’assembler dans leurs conventicules sans crainte et sans danger, pourvu qu’ils conservent toujours le respect dû aux lois et au gouvernement établi. Nous ferons savoir notre volonté par un autre rescrit aux juges et aux magistrats ; et nous espérons que notre indulgence engagera les chrétiens à offrir leurs prières à la divinité qu’ils adorent, pour notre sûreté et pour notre prospérité, pour leur propre conservation et pour celle de la république[1]. » Ce n’est point ordinairement dans

  1. Eusèbe (l. VIII, c. 17) a traduit en grec cet édit mémorable, et Lactance (De mort. persecut., c. 34) nous en a donné l’original latin. Ces deux écrivains ne paraissent pas