Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/277

Cette page a été validée par deux contributeurs.

taient retenues ni par les chaînes de l’opulence ni par celles de la pauvreté, désertèrent leur pays natal et cherchèrent un asile dans les climats moins orageux de l’Occident. Tant que Galère ne commanda qu’aux armées et aux provinces de l’Illyrie, il ne lui fut pas facile de trouver ni de faire un nombre considérable de martyrs, dans une province belliqueuse[1], où les missionnaires de l’Évangile avaient été reçus avec plus de froideur et de répugnance que dans aucune autre partie de l’empire[2]. Mais lorsque Galère eut obtenu la puissance suprême et le gouvernement de l’Orient, il put se livrer à l’ardeur de son zèle et satisfaire toute sa cruauté, non-seulement dans les

  1. Durant les quatre premiers siècles on trouve peu de traces d’évêques ou d’évêchés dans l’Illyrie occidentale. On a cru probable que le primat de Milan étendait sa juridiction sur Sirmium, capitale de cette grande province. Voyez la Géographie sacrée de Charles de Saint-Paul, p. 68-76, avec les observations de Lucas Holsterius.
  2. Peu après, le christianisme se propagea au nord des provinces romaines, chez les tribus de la Germanie : une foule de chrétiens, forcés par les persécutions des empereurs à se réfugier chez les Barbares, y furent reçus avec bienveillance. (Eusèb., De Vitâ Const., l. II, c. 53 ; Semler, Selecta, cap. II, E., J., 115.) Les Goths durent leur première connaissance de la religion chrétienne à une jeune fille prisonnière de guerre : elle continua au milieu d’eux ses exercices de piété ; elle jeûnait, priait et louait Dieu jour et nuit. Quand on lui demandait à quoi bon tant de soins pénibles, elle répondait : C’est ainsi que Christ, le fils de Dieu, doit être honoré. (Sozomène, l. II, c. 6.) (Note de l’Éditeur.)