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tèrent ignominieusement leur vie en découvrant les saintes Écritures, et en les remettant aux mains des idolâtres. Un grand nombre même d’évêques et de prêtres méritèrent, par cette condescendance criminelle, l’ignominieuse dénomination de traditores ; et leur offense fut alors, pour l’Église d’Afrique, un sujet de scandale, et, dans la suite, une source de discorde[1].

Destruction des églises.

Les exemplaires et les versions de l’Écriture avaient déjà été si multipliés dans l’empire, que la plus sévère inquisition ne pouvait avoir aucune suite fatale ; et même la destruction des livres que l’on conservait dans chaque congrégation pour l’usage public ne pouvait avoir lieu sans la complicité de quelque indigne et perfide chrétien. Mais l’autorité du gouvernement et les travaux des gentils parvinrent facilement à détruire les églises. Dans quelques provinces cependant les magistrats se contentèrent de fermer les lieux destinés au culte de la religion ; dans d’autres, ils se conformèrent plus strictement à la teneur de l’édit ; et, après avoir enlevé les portes, les bancs et la chaire, qu’ils brûlaient comme si c’eût été un bûcher funéraire, ils démolissaient entièrement le reste de l’édifice[2]. Ce serait peut-être ici le lieu

  1. Voyez le premier livre d’Optat de Milève contre les donatistes, à Paris, 1700, édit. de Dupin. Cet évêque vivait sous le règne de Valens.
  2. Les anciens monumens publiés à la fin d’Optat, p. 261, etc., rapportent avec le plus grand détail la manière de procéder des gouverneurs dans la destruction des églises.