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Destruction de l’église de Nicomédie. A. D. 303, 23 février.

Les empereurs signifièrent enfin leur volonté aux chrétiens, qui, durant tout le cours de ce fatal hiver, avaient attendu avec la plus cruelle inquiétude le résultat de tant de délibérations secrètes. Le 23 de février, jour où l’on célébrait la fête des Terminales[1], fut désigné, soit à dessein, soit par un effet du hasard, pour mettre des bornes aux progrès du christianisme. Le préfet du prétoire[2], suivi de plusieurs généraux, tribuns et officiers du fisc, se rendit de très-grand matin à la principale église de Nicomédie, située sur une hauteur, dans le quartier le plus populeux et le plus magnifique de la ville. À l’instant les portes furent enfoncées en leur présence ; ils se précipitèrent dans le sanctuaire, mais ils cherchèrent en vain quelque objet visible de culte, et ils ne purent que livrer aux flammes les livres des saintes écritures. Les ministres de la sévérité de Dioclétien étaient suivis d’une troupe nombreuse de gardes et de pionniers, qui marchaient en ordre de bataille, et qui étaient pourvus de tous les instrumens dont on se servait pour détruire les villes fortifiées. Après un travail de quelques heures, un édifice sacré,

    jejuniis hi et orationibus insistebant, hinc concepit odium adversùs eos, etc. (Lact., De mort. pers., c. 11) (Note de l’Éditeur.)

  1. Le culte et la fête du dieu Terme sont agréablement expliqués par M. de Boze, Mém. de l’Acad., t. I, p. 50.
  2. Dans le seul manuscrit que nous ayons de Lactance, on lit profectus ; mais la raison et l’autorité de tous les critiques nous permettent, au lieu de ce mot qui détruit le sens du passage, de substituer præfectus.