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son propre aveu, il fut condamné et décapité pour crime de désertion[1]. Il s’agit bien moins ici de persécution religieuse que de loi militaire ou même civile ; mais des exemples de cette nature aliénaient l’esprit des empereurs, justifiaient la cruauté de Galère, qui cassa un grand nombre d’officiers chrétiens, et autorisaient l’opinion qu’une secte d’enthousiastes, dont les principes étaient si contraires au bien public, devait rester inutile dans l’empire, ou devenir bientôt dangereuse.

Galère détermine Dioclétien à commencer une persécution générale.

Lorsque le succès de la guerre de Perse eut élevé les espérances et la réputation de Galère, il passa un hiver avec Dioclétien dans le palais de Nicomédie ; et le sort du christianisme fut l’objet de leurs délibérations secrètes[2]. L’empereur, plus expérimenté, penchait toujours pour la douceur ; et, quoiqu’il consentît sans peine à exclure les chrétiens de tout emploi à la cour et à l’armée, il représentait dans les termes les plus forts combien il serait cruel et dangereux de verser le sang de ces fanatiques aveugles. Enfin, Galère lui arracha la permission de con-

  1. Acta sincera, p. 302.
  2. De mort. pers., c. 11. Lactance, ou l’auteur, quel qu’il soit, de ce petit traité, demeurait alors à Nicomédie. Mais on conçoit difficilement comment il a pu se procurer une connaissance si exacte de ce qui se passait dans le cabinet des princes (*).
    (*) Lactance, qui fut dans la suite choisi par Constantin pour élever Crispus, pouvait très-aisément avoir appris ces détails de Constantin lui-même, déjà assez âgé pour s’intéresser aux affaires du gouvernement, et placé de manière à en être bien instruit. (Note de l’Éditeur.)