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tion et d’initiation[1] ; et, s’efforçant de ranimer le crédit expirant de leurs oracles[2], ils écoutèrent avec une crédulité avide tout imposteur qui flattait leurs préjugés par des contes merveilleux[3]. Les deux partis semblaient reconnaître la vérité des miracles mis en avant par leurs adversaires ; et en se contentant de les attribuer à l’art de la magie ou à la puissance des démons, ils concouraient réciproquement à rétablir et à étendre le règne de la superstition[4]. La philosophie, qui en est l’ennemi le

  1. Nous pouvons citer, parmi un grand nombre d’exemples, le culte mystérieux de Mythras et les Tauroboles, sacrifices qui devinrent à la mode sous le règne des Antonins. (Voy. une Dissertation de M. de Boze dans les Mémoires de l’Académie des inscript., t. II, p. 443) Le roman d’Apulée n’est pas moins rempli de dévotion que de satire.
  2. L’imposteur Alexandre recommandait très-fortement l’oracle de Trophonius à Mallos, et ceux d’Apollon à Claros et à Milet. (Lucien, t. II, p. 236, édit. Reitz.) Le dernier de ces oracles, dont l’histoire singulière fournirait une digression très-curieuse, fut consulté par Dioclétien avant qu’il publiât ses édits de persécution. (Lact., De mort. persec., c. 11.)
  3. Outre les anciennes histoires de Pythagore et d’Aristée, on a souvent opposé aux miracles de Jésus-Christ les guérisons opérées devant l’autel d’Esculape, et les fables que l’on raconte d’Apollonius de Tyane ; quoique je convienne, avec le docteur Lardner (voyez ses Témoignages, vol. III, p. 252, 352), que Philostrate n’eut point une pareille intention quand il composa la vie d’Apollonius.
  4. On ne saurait trop regretter que les pères de l’Église, en reconnaissant que le paganisme renfermait des choses