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porter la vérité de l’Évangile à l’oreille des rois[1]. Il adressa plusieurs lettres édifiantes à Philippe, à la femme et à la mère de cet empereur ; et dès que ce prince, né dans le voisinage de la Palestine, eut usurpé le trône, les chrétiens acquirent en lui un ami et un protecteur. La faveur déclarée de Philippe, sa partialité même envers les sectateurs de la nouvelle religion, et le respect qu’il eut constamment pour les ministres de l’Église, donnent un air de vraisemblance aux soupçons que l’on avait formés de son temps : on conjecturait que l’empereur lui-même avait embrassé la foi[2]. C’est aussi ce qui a fait imaginer, dans la suite, la fable qu’il avait été purifié par une confession et par la pénitence, [A. D. 249.]du crime dont il s’était rendu coupable en faisant périr l’innocent

  1. Orose (l. VII, c. 19) prétend qu’Origène était l’objet de la haine de Maximin ; et Firmilianus, qui, dans le même siècle, était un évêque de Cappadoce, restreint cette persécution, et nous en donne une juste idée. (Ap. Cyprian., epist., 75.)
  2. Ce que nous trouvons dans une Épître de saint Denys d’Alexandrie (ap. Euseb., l. VII, c. 10), concernant ces princes, que l’on supposait publiquement être chrétiens, se rapporte évidemment à Philippe et à sa famille : ce témoignage d’un contemporain prouve qu’un pareil bruit avait prévalu ; mais l’évêque égyptien, qui vivait dans l’obscurité et à quelque distance de la cour de Rome, s’exprime sur la vérité de ce fait avec une réserve convenable. Les Épîtres d’Origène (qui existaient encore du temps d’Eusèbe, voyez l. VI, c. 36) auraient très-probablement décidé cette question plus curieuse qu’importante.