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sélytes, eut attiré l’attention de Sévère, et aliéné l’esprit de ce prince. Dans la vue d’arrêter les progrès du christianisme, il publia un édit, qui, selon les intentions du souverain, ne devait concerner que les nouveaux convertis, mais qui ne pouvait être rigoureusement exécuté sans exposer au danger du châtiment les plus zélés de leurs prédicateurs et de leurs missionnaires. Il est facile de découvrir dans cette persécution adoucie, le génie indulgent de Rome et du polythéisme, qui admettait si facilement toute espèce d’excuse en faveur de ceux qui pratiquaient les cérémonies religieuses de leurs ancêtres[1].

Sous le règne des successeurs de Sévère. A. D. 211-249.

Mais les lois établies par Sévère expirèrent bientôt avec l’autorité de cet empereur. Les chrétiens, après cet orage passager, jouirent d’un calme de trente-huit ans[2]. Jusqu’à cette époque, ils avaient ordinairement tenu leurs assemblées dans des maisons particulières et dans des lieux retirés. Il leur fut alors permis d’élever et de consacrer des édifices convenables pour célébrer leur culte religieux[3] ;

  1. Judæos fieri sub gravi pœna vetuit. Idem etiam de christianis sanxit. Hist. Aug., p. 70.
  2. Sulpice Sévère, l. II, p. 384. Ce calcul (en y faisant une seule exception) est confirmé par l’histoire d’Eusèbe et par les écrits de saint Cyprien.
  3. L’antiquité des églises des chrétiens a été discutée par Tillemont (Mém. ecclés., t. III, part. 2, p. 68-72 ; et par Moyle, vol. I, p. 378-398). Ce fut du temps d’Alexandre Sévère, selon M. de Tillemont, et suivant M. Moyle, sous Gallien, que les premières églises furent construites pen-