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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. XVI

dulgence de plusieurs autres permirent aux chrétiens d’exercer leur culte, à la faveur d’une tolérance publique, quoiqu’elle ne fût peut-être pas autorisée par la loi.

Édits supposés de Tibère et de Marc-Aurèle.

L’Apologétique de Tertullien renferme deux exemples très-anciens, très-singuliers et en même temps très-suspects, de la clémence des empereurs : ce sont les édits de Tibère et de Marc-Aurèle, publiés non-seulement pour protéger l’innocence des chrétiens, mais encore pour proclamer ces miracles surprenans, qui attestaient la vérité de leur doctrine. Le premier de ces exemples est accompagné de quelques difficultés capables d’embarrasser un esprit sceptique[1]. On nous demande de croire que Ponce-Pilate informa l’empereur de la sentence de mort injustement prononcée par lui-même contre un innocent, qui même paraissait revêtu d’un caractère divin ; que, sans avoir le mérite du martyre, il en courut le danger ; que Tibère, connu par son mépris affecté pour toute espèce de religion, conçut aussitôt le dessein de placer le Messie des Juifs parmi les dieux de Rome ; qu’un sénat, composé d’esclaves, osa désobéir aux

  1. Saint Justin est le premier qui ait fait mention du témoignage rendu par Ponce-Pilate. Les embellissemens successifs que cette histoire a reçus en passant par les mains de Tertullien, d’Eusèbe, de saint Épiphane, de saint Chrysostôme, d’Orose, de Grégoire de Tours, et des auteurs qui ont donné les différentes éditions des actes de Pilate, sont représentés avec beaucoup de bonne foi par D. Calmet, Dissert. sur l’Écriture, t. III, p. 651, etc.