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tôt la fermeté qui convenait à son caractère, il retourna dans ses jardins, où il attendit patiemment les ministres de la mort. Deux officiers de marque, qui avaient été chargés de cette commission, placèrent saint Cyprien au milieu d’eux sur un char ; et, comme le proconsul avait alors d’autres occupations, ils le conduisirent, non en prison, mais dans une maison particulière de Carthage qui appartenait à l’un d’entre eux. On servit un repas élégant à l’évêque, et ses amis eurent la permission de jouir encore une fois de sa société, tandis que les rues étaient remplies d’une multitude de chrétiens inquiets et alarmés du sort prochain de leur père spirituel[1]. Le matin, il parut devant le tribunal du proconsul, qui, après s’être informé du nom et de la situation de saint Cyprien, lui ordonna de sacrifier aux dieux et l’avertit de réfléchir sur les suites de sa désobéissance. Le refus de saint Cyprien fut ferme et décisif ; et le magistrat, lorsqu’il eut pris l’avis de son conseil, prononça, quoique avec quelque répugnance,

    civitate in quâ Ecclesiæ dominicæ præest, illic dominum confiteri et plebem universam præpositi præsentis confessione clarificari. (Ep. 81, p. 238.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Pontius (c. 15) reconnaît que saint Cyprien, avec lequel il soupa, passa la nuit custodiâ delicatâ. L’évêque exerça un dernier acte de juridiction très convenable, en ordonnant, fort à propos, que les jeunes femmes qui veillaient dans la rue au milieu de la foule, ne restassent point exposées pendant la nuit aux dangers et aux tentations. Actes procons., c. 22.