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qui étaient convaincus d’un attachement opiniâtre à la nouvelle superstition. Se contentant d’infliger des châtimens plus doux, tels que les emprisonnemens, l’exil ou l’esclavage dans les mines[1], ils laissaient aux victimes infortunées de leur justice, quelque possibilité d’espérer qu’un événement heureux, l’élévation, le mariage ou le triomphe d’un empereur les rendrait peut-être bientôt, en vertu d’un pardon général, à leur premier état. [Nombre peu considérable des martyrs.]Ceux que le magistrat dévouait immédiatement à la mort, semblent avoir été tirés des rangs les plus opposés ; ces martyrs étaient ou des évêques et des prêtres, les personnages les plus distingués par leur rang et par leur influence, et dont l’exemple pouvait imprimer la terreur à toute la secte[2], ou bien on sacrifiait les derniers et les plus

  1. In metalla damnamur, in insulas relegamur. (Tertull., Apolog., c. 13.) Les mines de Numidie renfermaient neuf évêques, avec un nombre proportionné d’ecclésiastiques et de fidèles de leurs diocèses. Saint Cyprien les loue et les console dans une pieuse épître qu’il leur adresse. Voy. saint Cyprien, epist., 76, 77.
  2. Quoique nous ne puissions admettre avec une entière confiance les épîtres et les actes de saint Ignace (*) (on les trouve dans le second volume des pères apostoliques), cependant nous pouvons citer cet évêque d’Antioche comme un de ces martyrs qu’on choisissait pour exemple. Il fut envoyé chargé de chaînes à Rome, pour y être donné publiquement en spectacle ; et lorsqu’il arriva à Troas, il reçut la nouvelle agréable que la persécution d’Antioche était déjà finie.
    (*) Les actes de saint Ignace sont généralement reçus comme au-