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pecter la vérité de ce fait extraordinaire et l’intégrité de ce passage célèbre de Tacite. La vérité en est attestée par le témoignage de Suétone. Cet auteur, exact et soigneux, parle des châtimens que Néron infligea aux chrétiens, secte d’hommes qui avaient embrassé une superstition nouvelle et malfaisante[1]. La pureté du texte de Tacite se trouve garantie par la conformité des plus anciens manuscrits, par le caractère inimitable du style de ce grand écrivain, par sa réputation, qui préserva ses ouvrages des interpolations d’une pieuse fraude, et par la substance de sa narration, où il accuse les chrétiens des crimes les plus atroces, sans donner à entendre que le don des miracles, ou même l’art de la magie, les élevât au-dessus des autres hommes[2].

  1. Suétone, Vie de Cicéron, c. 16. Quelques ingénieux commentateurs ont rendu l’épithète de malefica par magique ; mais Mosheim la regarde seulement, à bien plus juste titre, comme synonyme du mot de Tacite exitiabilis.
  2. Le passage concernant Jésus-Christ, qui fut inséré dans le texte de Josèphe, entre le temps d’Origène et celui d’Eusèbe, peut fournir un exemple d’une falsification peu commune. L’accomplissement des prophéties, les vertus de Jésus-Christ, ses miracles et sa résurrection, y sont distinctement rapportés. Josèphe reconnaît qu’il était le Messie, et ne sait s’il doit l’appeler un homme. S’il pouvait rester encore quelque doute sur ce célèbre passage, le lecteur peut examiner les objections frappantes de Le Fèvre (Havercamp. Josèphe, tom. II, p. 267-273), les savantes réponses de Daubuz (p. 187-232), et l’excellente réplique (Biblioth.