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ment si doux modéra par degrés l’obstination des Juifs. Ils ne se laissèrent plus entraîner par de vaines prédictions ; et, renonçant à toute idée de conquêtes, ils se conduisirent en sujets paisibles et industrieux. La haine qu’ils nourrissaient contre le genre humain, au lieu de les porter à des actes de cruauté et de violence, se déploya d’une manière moins dangereuse. Ils saisirent avidement toutes les occasions de tromper les idolâtres dans le commerce ; et ils prononcèrent en secret des imprécations équivoques contre le superbe royaume d’Edom[1].

Les Juifs étaient un peuple qui suivait la religion de leurs ancêtres ; les chrétiens étaient une secte qui l’abandonnait.

Puisque les Juifs, qui rejetaient avec horreur les divinités adorées par leurs souverains et par les autres sujets de l’empire, jouissaient cependant du libre exercice de leur religion insociable, il a donc existé quelque autre cause qui exposait les disciples de Jésus-Christ à des rigueurs que n’éprouvait pas la postérité d’Abraham. La différence qui se trouvait entre eux est simple et facile à saisir ; mais aux yeux de l’antiquité, elle paraissait de la plus grande importance. Les Juifs étaient une nation, les chrétiens

    célébrèrent cette fête avec une joie insolente, et avec une licence tumultueuse. Basnage, Hist. des Juifs, l. VI, c. 17, l. VIII, c. 6.

  1. Selon le faux Josèphe, Tsephon, petit-fils d’Esaü, conduisit en Italie l’armée d’Énée, roi de Carthage. Une autre colonie d’Iduméens, fuyant l’épée de David, se réfugia sur les terres de Romulus. C’est par ces raisons, ou par d’autres d’une égale force, que les Juifs ont appliqué le nom d’Edom à l’Empire Romain.