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cette marque distinctive de la race hébraïque[1]. Les restes nombreux de ce peuple, quoique toujours exclus de l’enceinte de Jérusalem, eurent la permission de former et d’entretenir des établissemens considérables en Italie et dans les provinces, d’acquérir le droit de bourgeoisie romaine, de jouir des honneurs municipaux, et de pouvoir en même temps être exempts des charges pénibles et dispendieuses de la société. La modération ou le mépris des Romains donna une sanction légale à la forme d’administration ecclésiastique qui fut instituée par la secte vaincue. Le patriarche, qui avait fixé sa résidence à Tibériade, nommait les ministres et les apôtres inférieurs ; il exerçait une juridiction domestique, et ses frères dispersés lui payaient une contribution annuelle[2]. De nouvelles synagogues furent souvent élevées dans les principales villes de l’empire. Enfin, on observait publiquement, et avec la plus grande solennité, les sabbats, les jeûnes et les fêtes qui avaient été ordonnées par la loi de Moïse ou prescrits par les traditions des rabbins[3]. Un traite-

  1. C’est à Modestinus, jurisconsulte romain (l. VI, Regul), que nous devons une connaissance distincte de l’édit d’Antonin. Voyez Casaubon, ad Hist. Aug., p. 27.
  2. Voyez Basnage, Hist. des Juifs, l. III, c. 2, 3. La dignité de patriarche fut supprimée par Théodose-le-Jeune.
  3. Il suffit de parler du Purim, ou fête que les Juifs avaient instituée en mémoire de ce qu’ils avaient été délivrés de la rage d’Aman. Jusqu’au règne de Théodose ils