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et intéressans, d’une masse informe de fictions et d’erreurs, et d’exposer avec ordre et avec clarté les causes, l’étendue, la durée et les circonstances les plus importantes des persécutions souffertes par les premiers chrétiens[1].

Examen de leurs motifs.

Opprimés par la crainte, animés par le ressentiment, et peut-être échauffés par l’enthousiasme, les sectateurs d’une religion persécutée sont rarement dans une disposition d’esprit capable d’examiner tranquillement ou d’apprécier de bonne foi les motifs de leurs ennemis, puisque ces motifs échappent souvent à l’œil pénétrant et impartial de ceux que la distance met à l’abri des flammes de la persécution.

  1. L’histoire des premiers temps du christianisme ne se trouve que dans les Actes des apôtres, et pour parler des premières persécutions qu’essuyèrent les chrétiens, il faut nécessairement y avoir recours ; ces persécutions, alors individuelles et bornées à un petit espace, n’intéressaient que les persécutés, et n’ont été rappelées que par eux. Gibbon, en ne faisant remonter les persécutions que jusqu’à Néron, a entièrement omis celles qui ont précédé cette époque, et dont saint Luc a conservé le souvenir. Le seul moyen de justifier cette omission était d’attaquer l’authenticité des Actes des apôtres ; car, s’ils sont authentiques, il faut nécessairement les consulter et y puiser : or, les temps anciens, ne nous ont laissé que peu d’ouvrages dont l’authenticité soit aussi bien constatée que celle des Actes des apôtres. (Voyez Lardner, Credibility of the gospel’s history, part. 2.) C’est donc sans motifs suffisans que Gibbon a gardé le silence sur les récits de saint Luc ; et cette lacune n’est pas sans importance. (Note de l’Éditeur.)