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Proportion générale des chrétiens et des païens.

En jetant les yeux sur ce tableau fidèle, quoique imparfait, des progrès du christianisme, il paraîtra peut-être probable que, d’un côté la crainte, et de l’autre la dévotion, ont singulièrement exagéré le nombre des prosélytes. Selon le témoignage irréprochable d’Origène[1], la multitude des fidèles était fort peu considérable, comparée à celle des idolâtres ; mais, comme on ne nous a laissé aucun monument certain, il est impossible de fixer avec précision, et il serait même très-difficile de déterminer par conjecture, le véritable nombre des premiers chrétiens. Le calcul le plus favorable cependant qu’on puisse tirer des exemples d’Antioche et de Rome ne nous permet pas de supposer que, de tous les sujets de l’empire, il s’en soit enrôlé plus de la vingtième partie sous la bannière de la croix avant la conversion importante de Constantin. Mais la nature de leur foi, de leur zèle et de leur union semblait les multiplier ; et les mêmes causes qui devaient contribuer à leur accroissement futur, servirent à rendre leur force actuelle plus apparente et plus formidable.

S’il est vrai que les premiers chrétiens aient été ignorans et de basse condition.

Dans toute société civile, tandis que les richesses, les honneurs et la science sont le partage d’un petit

    avait quelques chrétiens en Perse avant la fin du second siècle. Du temps de Constantin (voyez la lettre à Sapor, vità, l. IV, c. 13) ils formaient une Église florissante. Voyez Beausobre, Histoire critique du Manich., tom. I, p. 180, et la Bibliotheca orientalis d’Assemani.

  1. Origène, contra Celsum, l. VIII, p. 424.