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et de persécution avant le règne des Antonins[1]. Les progrès lents du christianisme, sous le climat froid de la Gaule, sont bien différens de l’ardeur avec laquelle la prédication de l’Évangile paraît avoir été reçue au milieu des sables brûlans de l’Afrique. Les chrétiens de cette dernière province formèrent bientôt un des corps les plus considérables de la primitive Église. Ils envoyaient des évêques dans les plus petites villes, et très-souvent dans les villages les plus obscurs : cette pratique augmenta la splendeur et l’importance de leurs communautés religieuses, qui, durant le cours du troisième siècle, furent animées par le zèle de Tertullien, dirigées par les talens de saint Cyprien, et illustrées par l’éloquence du célèbre Lactance. D’un autre côté, si nous jetons les yeux sur la Gaule, nous ne voyons sous Marc-Aurèle que les faibles congrégations de Lyon et de Vienne réunies en une seule. On assure même que jusqu’au règne de l’empereur Dèce, quelques Églises éparses dans les villes d’Arles, de Narbonne, de Toulouse, de Limoges, de Clermont, de Tours et de Paris, se soutinrent seulement par la dévotion d’un petit nombre de chrétiens[2]. Le silence, il est vrai, convient

  1. Tum primùm intrà Gallias martyria visa. Sulpice-Sévère, l. II. Ce sont les fameux martyrs de Lyon. Au sujet de l’Afrique, voyez Tertullien, ad Scapulam, c. 3. On imagine que les martyrs Scyllitains furent les premiers (Acta sincera, Ruinard, p. 34). Un des adversaires d’Apulée paraît avoir été chrétien. (Apolog., p. 496, 497, édit. Delph.)
  2. Raræ in aliquibus civitatibus Ecclesiæ paucorum