Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cependant, il ne faut pas le dissimuler, saint Chrysostôme, à qui nous devons la connaissance d’un fait si précieux, avance dans un autre passage, que la multitude des fidèles surpassait même le nombre des Juifs et des païens[1]. Mais la solution de cette difficulté apparente est facile et se présente naturellement : l’éloquent prédicateur met en parallèle la constitution civile et ecclésiastique d’Antioche ; il oppose aux chrétiens qui ont acquis le ciel par le baptême, les citoyens qui avaient le droit de partager la libéralité publique : la première liste comprenait les esclaves, les étrangers et les enfans ; ils étaient exclus de la seconde.

En Égypte.

Le commerce étendu d’Alexandrie, et sa situation près de la Palestine, facilitèrent l’introduction du christianisme dans cette ville ; la nouvelle religion fut d’abord embrassée par un grand nombre de thérapeutes ou esséniens du lac Maréotis, secte juive qui avait beaucoup perdu de son respect pour les cérémonies mosaïques. La vie austère des esséniens, leurs jeûnes et leurs excommunications, la communauté de biens, le goût du célibat, leur zèle pour le martyre, et la chaleur, non la pureté de leur foi, offraient déjà une vive image de la discipline primitive des chrétiens[2]. C’est dans l’école d’Alexandrie

  1. Saint Chrysostôme, tom. I, p. 592. Je dois ces passages, mais non l’induction que j’en tire, au savant docteur Lardner. Credibility of the Gospel history, vol. XII, p. 370.
  2. Basnage (Histoire des Juifs, l. II, c. 20, 21, 22, 23) a examiné, avec la critique la plus exacte, le curieux traité