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authentiques de la vie et des actions de Jésus-Christ furent composées en grec, à une distance considérable de Jérusalem, et après que le nombre des païens convertis eut été extrêmement multiplié[1]. Dès que ces histoires eurent été traduites en latin, elles furent à la portée de tous les sujets de Rome, excepté seulement des paysans de la Syrie et de l’Égypte, en faveur desquels on fit dans la suite des versions particulières. Les grands chemins qui avaient été construits pour l’usage des légions, ouvraient aux missionnaires de l’Évangile une route

    alors en usage à Jérusalem : Origène, saint Irénée, Eusèbe, saint Jérôme, saint Épiphane, confirment ce récit : Jésus-Christ prêchait lui-même en syro-chaldaïque ; c’est ce que prouvent plusieurs mots dont il s’était servi, et que les évangélistes ont pris soin de traduire. Saint Paul, haranguant les Juifs, se servit de la même langue. (Act. des ap., c. 20, v. 2 ; c. 17, v. 4 ; c. 26, v. 14.) Les opinions de quelques critiques prouvent peu contre des témoignages incontestables ; d’ailleurs, leur principale objection est que saint Matthieu cite le vieux Testament d’après la version grecque des Septante, ce qui est inexact, car des dix citations que l’on trouve dans son Évangile, sept sont visiblement prises dans le texte hébreu, et les trois autres n’offrent rien qui en diffère ; d’ailleurs, ces dernières ne sont pas des citations littérales. Saint Jérôme dit positivement, d’après une copie de cet Évangile, qu’il avait vue dans la bibliothéque de Césarée, que les citations étaient faites en hébreu. (in Catal.) Des critiques plus modernes, entre autres Michaelis, ne font pas un doute sur cette question. La version grecque paraît avoir été faite du temps des apôtres, comme l’affirment saint Jérôme et saint Augustin, peut-être même par l’un d’eux. (Note de l’Éditeur.)

  1. Sous les règnes de Néron et de Domitien, et dans les villes d’Alexandrie, d’Antioche, de Rome et d’Éphèse. Voyez Mill. Prolegomena ad novum Testament., et la grande et belle collection donnée par le docteur Lardner, vol. XV.