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cès n’aient pas encore été plus rapides et plus universels.

Aussi-bien que la paix et l’union de l’Empire romain.

On a observé, avec vérité et avec justesse, que les conquêtes de Rome préparèrent et facilitèrent celles du christianisme. Dans le second chapitre de cet ouvrage, nous avons essayé d’expliquer comment les nations les plus civilisées de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, furent réunies sous la domination d’un même souverain, et se trouvèrent insensiblement liées entre elles par les rapports les plus intimes des lois, des mœurs et du langage. Les Juifs de la Palestine, qui avaient attendu avec une ferme confiance un libérateur temporel, parurent si insensibles aux miracles du divin prophète[1], que l’on ne crut pas nécessaire de publier, ou du moins de conserver aucun Évangile hébreu[2]. Les histoires

  1. Cette insensibilité ne fut pas si grande que Gibbon paraît le croire. Un grand nombre de Juifs se convertirent ; huit mille furent baptisés en deux jours. (Act. des ap., c. 2, v. 37-40 ; c. 4, v. 4) Ils formèrent la première Église chrétienne. (Note de l’Éditeur.)
  2. Les pères prétendaient presque unanimement, mais les critiques modernes ne sont pas disposés à croire que saint Matthieu composa un Évangile hébreu, dont il ne reste que la traduction grecque. Il paraît cependant dangereux de rejeter le témoignage des pères (*).
    (*) De fortes raisons paraissent confirmer ce témoignage. Papias, contemporain de l’apôtre saint Jean, dit positivement que Matthieu avait écrit les discours de Jésus-Christ en hébreu, et que chacun les interprétait comme il le pouvait. Cet hébreu était le dialecte syro-chaldaïque