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sous les efforts du vice ou de l’idolâtrie, sentaient l’état d’abaissement où ils étaient tombés ; et, tremblant sur leur sort, ils désiraient être rendus à la communion des fidèles.

Quant au traitement qu’il fallait infliger à ces pénitens, deux sentimens opposés, l’un de justice, l’autre de compassion, divisèrent la primitive Église. Les casuistes les plus rigides et les plus inflexibles leur refusaient à jamais et sans exception, la dernière même des places dans la communauté sainte, qu’ils avaient déshonorée ou abandonnée, et les livrant aux remords d’une conscience coupable, ils ne leur laissaient qu’un faible rayon d’espoir, en leur insinuant que leur contrition pendant leur vie et au moment de leur mort, pourrait être acceptée par l’Être-Suprême[1]. Mais la partie la plus saine et la plus respectable de l’Église chrétienne[2] adopta une opinion plus douce dans la théorie aussi-bien que dans la pratique. Les portes de la réconciliation et du ciel furent rarement fermées au pécheur touché de repentir ; on institua seulement une forme sévère et solennelle de discipline destinée à expier son crime,

  1. Les montanistes et les novatiens, qui tenaient à cette opinion avec la plus grande rigueur et la plus ferme opiniâtreté, se trouvèrent enfin eux-mêmes au nombre des hérétiques excommuniés. Voyez le savant Mosheim, qui a traité ce sujet avec beaucoup d’étendue, second et troisième siècle.
  2. Denys, apud Euseb., IV, 23 ; saint Cyprien, De lapsis.