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une part convenable pour leur entretien. On réservait une somme suffisante pour les dépenses qu’exigeait le culte public, dont les repas de fraternité, les agapes, comme on les appelait alors, constituaient une partie très-agréable. Le reste était le patrimoine sacré des pauvres. On s’en remettait à la discrétion de l’évêque pour ouvrir le trésor de l’Église aux veuves, aux orphelins, aux boiteux, aux malades et aux vieillards de la communauté, pour soulager les étrangers et les pèlerins, et pour adoucir les maux des prisonniers et des captifs, surtout lorsque leurs souffrances avaient été occasionnées par un ferme attachement à la cause de la religion[1]. Un commerce généreux de charité unissait les provinces les plus éloignées ; et de petites congrégations trouvaient des ressources abondantes dans les aumônes des sociétés plus opulentes, qui subvenaient avec joie aux besoins de leurs frères[2]. Cette noble institution, qui avait moins d’égard au mérite qu’à la misère de l’objet, contribua beaucoup aux progrès du christianisme. Ceux des païens qu’animait un sentiment d’humanité, en ridiculisant la doctrine de la nouvelle secte, rendaient justice à sa bienfaisance[3]. L’espérance d’un prompt secours contre

  1. Voyez les Apologies de saint Justin, de Tertullien, etc.
  2. Denys de Corinthe (ap. Eusèbe., l. IV, 23) célèbre avec reconnaissance les richesses des Romains, et leur générosité envers leurs frères les plus éloignés.
  3. Voyez Lucien, in Peregrin. Julien (lettre 49) semble