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établissemens chrétiens dont la plupart avaient été formés par les travaux religieux des missionnaires de Rome. Les plus hautes prétentions d’Antioche, d’Éphèse ou de Corinthe, se bornaient à reconnaître un seul apôtre pour fondateur. Rome seule prétendait que les rives du Tibre avaient reçu un nouvel éclat par la prédication et par le martyre des deux plus grands apôtres[1]. Son évêque avait soin de réclamer l’héritage de toutes les prérogatives que l’on attribuait à la personne ou à la dignité de saint Pierre[2]. Les prélats de l’Italie et des provinces consentaient à lui accorder une primatie d’ordre et d’association (c’était avec cette précaution qu’ils s’ex-

  1. La plupart des anciens auteurs rapportent que saint Pierre vint à Rome (Voyez Eusèbe, II, 25) ; tous les catholiques le prétendent et quelques protestans en conviennent (Voyez Pearson et Dodwell, De succes. episcop. roman.) ; mais ce voyage a été fortement attaqué par Spanheim. (Miscellanea sacra, III, 3.) Selon le P. Hardouin, les moines du treizième siècle, qui composèrent l’Énéide, représentèrent saint Pierre sous le caractère allégorique du héros troyen.
  2. C’est en français seulement que la fameuse allusion au nom de saint Pierre est exacte. « Tu es Pierre, et sur cette pierre… ». Cette allusion n’est pas tout-à-fait juste en grec, en latin, en italien, etc., et elle est absolument inintelligible dans les langues dérivées de l’allemand (*).
    (*) Cette allusion est exacte en syro-chaldéen, et c’est dans cette langue que Jésus-Christ l’a faite. (Évangile selon saint Matthieu, c. 16, v. 17.) Pierre s’appelait Céphas, et le mot cepha signifie base, fondement, rocher. (Note de l’Éditeur.)