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dans le concile de chaque province fut conféré aux évêques de la principale ville ; et ces prélats ambitieux, décorés des titres brillans de primats et de métropolitains, se préparèrent secrètement à usurper sur les autres évêques la même autorité que ceux-ci venaient d’enlever au collége des prêtres[1]. Les métropolitains eux-mêmes se disputèrent bientôt la supériorité du rang et du pouvoir. Chacun d’eux affectait de déployer, dans les termes les plus pompeux, les avantages et les honneurs temporels de la ville à laquelle il présidait, le nombre et l’opulence des chrétiens soumis à ses soins paternels, les saints et les martyrs qui s’étaient élevés parmi eux ; et, remontant jusqu’à l’apôtre ou au disciple qui avait fondé son Église, il insistait sur la pureté avec laquelle la tradition de la foi, transmise par une suite non interrompue d’évêques orthodoxes, avait été conservée dans son sein[2]. Toutes les raisons de supériorité, soit civile, soit ecclésiastique, faisaient naturellement prévoir que Rome devait s’attirer le respect des provinces, et qu’elle exigerait bientôt leur obéissance. [Ambition du pontife romain.]La société des fidèles dans cette ville était proportionnée à la capitale de l’empire. Son Église était la plus grande, la plus nombreuse, et, par rapport à l’Occident, la plus ancienne de tous les

  1. Mosheim, p. 269, 574 ; Dupin, Antiquæ eccles. discipl., p. 19, 20.
  2. Tertullien, dans un traité particulier, a fait valoir contre les hérétiques le droit de prescription, qui était soutenu par les Églises apostoliques.