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violence, poussa les vaisseaux de Crispus contre ceux de l’ennemi. Ce prince profita, par son habile intrépidité, de cet heureux hasard, et remporta bientôt une victoire complète. Cent trente bâtimens furent coulés à fond, cinq mille hommes perdirent la vie, et Amandus, l’amiral de la flotte asiatique, ne parvint qu’avec la plus grande difficulté aux rivages de Chalcédoine. Dès que l’Hellespont fut libre, un grand convoi arriva au camp de Constantin, qui avait déjà avancé les opérations du siége. Après avoir construit un rempart de terre égal en hauteur aux fortifications de Byzance, il posa sur cette terrasse des machines de toute espèce, et de hautes tours d’où ses soldats lançaient aux assiégés des dards et des pierres énormes. Les béliers avaient ébranlé les murs en plusieurs endroits ; si Licinius persistait à se défendre plus long-temps, il s’exposait à être enseveli sous les ruines de la ville. Avant d’être entièrement bloqué, il passa prudemment, avec ses trésors, à Chalcédoine en Asie ; et n’ayant pas perdu le désir d’associer des compagnons à l’espoir et aux dangers de sa fortune, il donna le titre de César à Martinianus, qui remplissait un des emplois les plus importans de son empire[1].

    l’Hellespont ; et lorsque le vent du nord souffle, aucun vaisseau ne peut tenter le passage : un vent du midi rend la force du courant presque imperceptible. Voyez le Voyage de Tournefort au Levant, let. XI.

  1. Aurelius-Victor ; Zosime, l. II, p. 98. Selon ce der-