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le péril de Constantin sont attestés par une blessure légère qu’il reçut à la cuisse ; mais nous pouvons découvrir, même dans cette narration imparfaite, et peut-être dans un texte corrompu, que la victoire ne fut pas moins due à l’habileté du général qu’à la bravoure du héros. Il assembla d’abord des matériaux, comme s’il eût eu dessein de jeter un pont sur le fleuve ; et tandis que les ennemis étaient occupés de ces préparatifs, il envoya un corps de cinq mille archers s’emparer d’un bois épais qui couvrait leur arrière-garde. Licinius, embarrassé par une multiplicité d’évolutions trompeuses, sortit avec regret de son poste avantageux pour combattre dans la plaine sur un terrain uni, où la victoire ne fut plus disputée. Les vétérans expérimentés de l’Occident taillèrent facilement en pièces cette multitude confuse de nouvelles levées. Il périt, dit-on, trente-quatre mille hommes. Le soir même, le camp fortifié de Licinius fut pris d’assaut, et la plus grande partie des fuyards, qui avaient gagné les montagnes, se rendirent le lendemain à la discrétion du vainqueur[1]. Son rival, incapable désormais de tenir

  1. Zosime, l. II, p. 95, 96. Cette grande bataille est décrite dans le fragment de Valois (p. 714) d’une manière claire, quoique concise. Licinius verò circum Hadrianopolin maximo exercitu latera ardui montis impleverat : illuc toto agmine Constantinus inflexit. Cum bellum terrâ marique traheretur, quamvis per arduum suis nitentibus, attamen disciplinâ militari et felicitate, Constantius Licinii confu-