Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/455

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la Syrie. Traînées ignominieusement de ville en ville, elles exposèrent ainsi leur honte et leur misère à ces mêmes provinces de l’Orient, qui, pendant trente ans, avaient respecté leur dignité auguste. Dioclétien fit plusieurs tentatives inutiles pour adoucir le sort de sa fille ; il demandait que Valérie eût la permission de venir partager sa retraite de Salone, et fermer les yeux d’un père affligé[1] ; c’était, disait-il à Maximin, la seule grâce qu’il attendît d’un prince auquel il avait donné la pourpre impériale. Dioclétien conjurait, mais il ne pouvait plus menacer ; ses prières furent reçues avec froideur et avec dédain. Le fier tyran paraissait prendre plaisir à traiter Dioclétien en suppliant, et sa fille en criminelle. La mort de Maximin semblait annoncer aux impératrices un changement favorable dans leur fortune. Les discordes civiles relâchèrent la vigilance de leurs gardes ; elles trouvèrent moyen de s’échapper du lieu de leur exil, et de se rendre, quoique avec précaution et déguisées, à la cour de Licinius. La conduite de ce prince dans les premiers jours de son règne, et la réception honorable qu’il fit au jeune Candidianus, inspirèrent à Valérie une satisfaction : elle crut que désormais ses jours et ceux de son fils adoptif ne seraient plus mêlés d’amertume. À ces espérances

  1. Enfin Dioclétien envoya cognatum suum, quemdam militarem ac potentem virium, pour intercéder en faveur de sa fille (Lactance, De morte persec., c. 41). Nous ne connaissons point assez l’histoire de ce temps, pour nommer la personne qui fut employée.