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Rubra, à neuf milles environ de Rome[1], il aperçut Maxence et ses troupes disposées à livrer bataille[2]. Le large front de cette armée remplissait une plaine très-spacieuse, et ses lignes profondes s’étendaient jusqu’au bord du Tibre, qui couvrait l’arrière-garde, et lui coupait la retraite. On assure, et nous pouvons le croire, que Constantin rangea ses légions avec une habileté consommée, et qu’il choisit pour lui-même le poste du danger et de l’honneur. Distingué par l’éclat de ses armes, il chargea en personne la cavalerie de son rival. Cette attaque terrible détermina la fortune de cette journée mémorable. La cavalerie de Maxence consistait principalement en une troupe légère de Maures et de Numides, et en cuirassiers dont l’armure pesante arrêtait tous les mouvemens. Elle fut obligée de céder à l’impétuosité des cavaliers gaulois, qui, plus fermes que les Africains, surpassaient en activité les autres escadrons. La défaite des deux ailes laissait à découvert les flancs de l’infanterie. Les Italiens indisciplinés se décidèrent sans peine à fuir loin des drapeaux d’un tyran qu’ils avaient toujours détesté, et

  1. « Maxentius… tandem urbe in Saxa Rubra millia fermè novem ægerrimè progressus. » Aurelius-Victor. Voyez Cellarius, Geogr. antiq., tom. I, p. 463. Saxa-Rubra était situé près du Cremera, petit ruisseau devenu célèbre par la valeur et par la mort glorieuse des trois cents Fabius.
  2. Le poste que Maxence fit occuper à son armée, dont le Tibre couvrait l’arrière-garde, est décrit avec beaucoup de clarté par les deux panégyristes, IX, 16, X, 28.