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pes peuvent seules exécuter sans confusion au moment du danger, sont presque toujours décisives : cependant, comme le combat commença vers la fin du jour, et qu’il fut disputé durant toute la nuit avec une grande opiniâtreté, l’habileté des généraux devint moins nécessaire que le courage des soldats. Les premiers rayons du soleil éclairèrent la victoire de Constantin ; il aperçut la plaine couverte de plusieurs milliers d’Italiens vaincus. Leur général Pompeianus fut trouvé parmi les morts. Vérone se rendit aussitôt à discrétion ; et la garnison fut faite prisonnière de guerre[1]. Lorsque les officiers de l’armée victorieuse félicitèrent leur maître sur cet important succès, ils mêlèrent à leurs félicitations quelques-uns de ces reproches respectueux qui ne sauraient blesser le monarque le plus jaloux de son autorité ; ils représentèrent à Constantin que, non content de remplir tous les devoirs d’un commandant, il avait exposé sa personne avec une bravoure dont l’excès dégénérait presque en témérité, et ils le conjurèrent de veiller désormais davantage à sa propre conservation, et de penser que de sa vie dépendait la sûreté de Rome et de l’empire[2].

  1. Ils manquaient de chaînes pour un si grand nombre de captifs, et tout le conseil se trouvait dans un grand embarras, mais l’ingénieux vainqueur imagina l’heureux expédient d’en forger avec les épées des vaincus. (Panegyr. vet., IX, II.)
  2. Panégyr. vet., IX, 10.