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sonnes attachées à son parti, avaient seuls été coupables : la province entière porta la peine de leur crime. Toute l’étendue de cette fertile contrée, et les villes florissantes de Cirta et de Carthage furent dévastées par le fer et par le feu. L’abus de la victoire fut suivi de l’abus des lois et de la jurisprudence ; une armée formidable d’espions et de délateurs envahit l’Afrique. Les riches et les nobles furent aisément convaincus de connivence avec les rebelles ; et ceux d’entre eux que l’empereur daigna traiter avec clémence, furent punis seulement par la confiscation de leurs biens[1]. Une victoire si éclatante fut célébrée par un triomphe magnifique. Maxence exposa aux yeux du peuple les dépouilles et les captifs d’une province romaine. L’état de la capitale ne méritait pas moins de compassion que celui de l’Afrique. Les richesses de Rome fournissaient un fonds inépuisable aux folles dépenses et à la prodigalité du monarque ; et les ministres de ses finances connaissaient parfaitement l’art de piller les sujets. Ce fut sous son règne que l’on inventa la méthode d’exiger des sénateurs un don volontaire. Comme la somme s’augmenta insensiblement, les prétextes que l’on imagina pour la lever, tels qu’une victoire, une naissance, un mariage, ou le consulat du prince, furent multipliés dans la même proportion[2]. Maxence nourrissait contre le sénat cette même haine impla-

  1. Zosime, l. II, p. 83-85 ; Aurelius-Victor.
  2. Le passage d’Aurelius-Victor doit être lu de la ma-