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pide, et les talens d’un général expérimenté. Le grand roi prit la fuite. Un butin immense, et la conquête de la Mésopotamie, furent les fruits de cette journée mémorable. Telles sont les circonstances invraisemblables d’une relation dictée, selon toutes les apparences, par la vanité du monarque, composée par de vils flatteurs, et reçue avec transport par un sénat que l’éloignement et l’esprit d’adulation réduisaient au silence[1]. Loin de penser que les armes d’Alexandre aient triomphé de la valeur des Perses, perçons au travers du nuage qui nous dérobe la vérité : peut-être tout cet éclat d’une gloire imaginaire cache-t-il quelque disgrâce réelle[2].

Relation plus probable de la guerre.

Nos soupçons sont confirmés par l’autorité d’un historien contemporain qui honore les vertus d’Alexandre, et qui expose de bonne foi les fautes de ce prince. Il trace d’abord le plan judicieux formé pour la conduite de la guerre. Trois armées romaines devaient s’avancer par différens chemins, et envahir la Perse dans le même temps : mais le talent et la fortune ne secondèrent pas les opérations de la campagne, quoiqu’elles eussent été sagement concertées. Dès que la première de ces armées se fut engagée dans les plaines marécageuses de la Babylonie, vers le

  1. Histoire Auguste, p. 133.
  2. Voyez une note ajoutée au chap. 6, sur le règne d’Alexandre Sévère et sur cet événement. (Note de l’Éditeur.)