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formé un plan judicieux de défense. Son rival trouva toutes les places fortifiées, inaccessibles et remplies d’ennemis ; et quoiqu’il eût pénétré jusqu’à Narni, à soixante milles de Rome, sa domination en Italie ne s’étendait pas au-delà des limites étroites de son camp. À la vue des obstacles qui naissaient de toutes parts, le superbe Galère daigna le premier parler de réconciliation. Il envoya deux de ses principaux officiers aux souverains de Rome pour leur offrir une entrevue. Ces députés assurèrent Maxence qu’il avait tout à espérer d’un prince qui avait pour lui les sentimens et la tendresse d’un père, et qu’il devait bien plus compter sur sa générosité que sur les chances incertaines de la guerre[1]. La proposition de l’empereur d’Orient fut rejetée avec fermeté, et sa perfide amitié refusée avec mépris. Il s’aperçut bientôt que s’il ne se déterminait à la retraite, il avait tout lieu d’appréhender le sort de Sévère. Pour hâter sa ruine, les Romains prodiguaient ces mêmes richesses qu’ils n’avaient pas voulu livrer à sa tyrannique rapacité. Le nom de Maximien, la conduite populaire de son fils, des sommes considérables distribuées en secret, et la promesse de récompenses encore plus magnifiques, réprimèrent l’ardeur des légions d’Illyrie, et corrompirent leur fidélité. Enfin, lorsque Galère

  1. Voyez, au sujet de cette négociation, les fragmens d’un historien anonyme, que M. de Valois a publiés à la fin de son édition d’Ammien-Marcellin, p. 711. Ces fragmens nous ont fourni plusieurs anecdotes curieuses, et, à ce qu’il paraît, authentiques.