Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/406

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de Nicomédie, ne devait point être attribuée à l’inclination particulière de Dioclétien, mais à la forme constante du gouvernement qu’il avait institué. En vain ses successeurs, peu de mois après son abdication, avaient-ils élevé, au nom de ce prince, ces bains magnifiques dont la vaste enceinte renferme aujourd’hui un si grand nombre d’églises et de couvens[1], et dont les ruines ont servi de matériaux à tant d’édifices modernes : les murmures impatiens des Romains troublèrent la tranquillité de ces élégantes retraites, siége du luxe et de la mollesse. Le bruit se répandit insensiblement que l’on viendrait bientôt leur redemander les sommes employées à la construction de ces bâtimens. Vers le même temps, l’avarice de Galère, ou peut-être les besoins de l’état l’avaient engagé à faire une perquisition exacte et rigoureuse des propriétés de ses sujets, pour établir une taxe générale sur leurs terres et sur leurs personnes. Il paraît que leurs biens fonds furent soumis au plus sévère examen ; et, dans la vue d’obtenir une

  1. Voyez Gruter, Inscript., p. 178. Les six princes sont tous nommés : Dioclétien et Maximien, comme les plus anciens Augustes et comme pères des empereurs. Ils consacrent conjointement ce magnifique édifice à l’usage de leurs chers Romains. Les architectes ont dessiné les ruines de ces thermes et les antiquaires, particulièrement Donatus et Nardini, ont déterminé le terrain qu’ils occupaient. Une des grandes salles est maintenant l’église des chartreux ; et même un des logemens du portier s’est trouvé assez vaste pour former une autre église qui appartient aux feuillans.