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mesures[1] que l’empereur avait prises, peut-être, pour intercepter un voyage dont il redoutait, avec raison, les conséquences. Quittant le palais de Nicomédie pendant la nuit, le fils de Constance traversa en poste la Bithynie, la Thrace, la Dacie, la Pannonie, l’Italie et la Gaule, au milieu des acclamations du peuple ; et il arriva au port de Boulogne au moment même où son père se préparait à passer en Bretagne[2].

Mort de Constance et élévation de Constantin.

L’expédition de Constance dans cette île, et une victoire facile qu’il remporta sur les Barbares de la Calédonie, furent les derniers exploits de son règne. [A. D. 306. 25 juillet.]Il expira dans le palais impérial d’York, près de quatorze ans et demi après qu’il eut été revêtu de la dignité de César, Il n’avait joui que quinze mois du rang d’Auguste. Sa mort fut suivie immédiatement de

  1. Zosime, l. II, p. 78, 79 ; Lactance, De mort. persec., c. 24. Le premier rapporte une histoire très-ridicule : il prétend que Constantin fit couper les jarrets à tous les chevaux dont il s’était servi. Une exécution si sanglante n’aurait point empêché qu’on ne le poursuivît, et elle aurait certainement donné des soupçons qui auraient pu l’arrêter dans son voyage (*).
    (*) Zosime n’est pas le seul qui fasse ce récit ; Victor le jeune le confirme : Ad frustrandos insequentes, publica jumenta quaquà iter ageret interficiens (t. I, p. 633). Aurelius-Victor, De Cæsaribus, dit la même chose (t. I, p. 623.) (Anon. gentl.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Anon., p. 710 ; Panegyr. vet., VII, 4. Mais Zosime (l. II, p. 79), Eusèbe (De vitâ Constant., l. I, c. 21) et Lactance (De mort, persec., c. 24), supposent, avec moins de fondement, qu’il trouva son père au lit de mort.