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cident. Ils avaient chacun un fils qui était parvenu à l’âge d’homme, et l’on devait naturellement espérer que leurs enfans seraient revêtus de la pourpre. Mais la vengeance impuissante de Maximien n’était plus à craindre ; et Constance, supérieur à la crainte des dangers, cédait à son humanité qui lui faisait redouter pour ses peuples les maux d’une guerre civile. Les deux Césars élus par Galère convenaient bien mieux à ses vues ambitieuses : il paraît que leur principale recommandation consistait dans leur peu de mérite et de considération personnelle. L’un d’eux, fils d’une sœur de Galère, se nommait Daza, ou, comme on l’appela dans la suite, Maximin. Il était jeune, sans expérience ; ses manières et son langage décelaient l’éducation rustique qu’il avait reçue. Quels furent son étonnement et celui de tout l’empire, lorsque après avoir reçu la pourpre des mains de Dioclétien, il fut élevé à la dignité de César, et qu’on lui confia le commandement suprême de l’Égypte et de la Syrie[1] ! Dans le même instant, Sévère, serviteur fidèle, bien que livré aux plaisirs, et qui ne manquait pas de capacité pour les affaires, se rendit à Milan, où Maximien lui remit à regret les ornemens de César et la possession de l’Italie et

  1. Sublatus nuper à pecoribus et silvis (dit Lactance, De mort. persec., c. 19) statim scutarius, continuo protector, mox tribunus, postridiè Cæsar, accepit Orientem. Aurel.-Victor lui donne trop libéralement toute la portion de Dioclétien.