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attestaient son ancienne splendeur[1]. Ce fut à six ou sept milles de la ville que Dioclétien construisit un palais magnifique. La grandeur de l’ouvrage doit nous faire juger combien il avait médité long-temps le projet d’abdiquer l’empire. L’attachement de ce prince pour sa patrie n’était pas nécessaire pour le déterminer au choix d’un séjour où se trouvait réuni tout ce qui servait au luxe et à la santé. « Le sol est sec et fertile, l’air pur et salubre. Quoique extrêmement chaud pendant l’été, le pays éprouve rarement ces vapeurs étouffantes et nuisibles que les vents amènent sur la côte de l’Istrie et dans quelques parties de l’Italie. Les superbes vues du palais ne contribuent pas moins que la beauté du climat à rendre ce séjour agréable. Du côté de l’occident on découvre le fertile rivage qui s’étend le long du golfe Adriatique. Les petites îles dont cette partie de la mer est parsemée, lui donnent l’air d’un grand lac. Au nord du bâtiment est située la baie qui menait à l’ancienne ville de Salone. La contrée que l’on aperçoit au-delà, forme un heureux contraste avec cette immense perspective qui s’ouvre à l’orient et au midi sur les eaux de la mer Adriatique. La vue est terminée vers le nord par de hautes montagnes placées à une distance

  1. L’abbé de Fortis, dans son Voyage en Dalmatie, p. 43 (imprimé à Venise en 1774, deux petits vol. in-4o.), cite une description manuscrite des antiquités de Salone, composée par Giambattista Giustiniani, vers le milieu du seizième siècle.