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jour, qui était le premier de mai[1], Maximien, comme ils en étaient convenus, résigna la dignité impériale dans la ville de Milan. [Soumission de Maximien.]C’était au milieu de son triomphe que Dioclétien avait formé le projet d’abdiquer le gouvernement. Voulant dès lors s’assurer de l’obéissance de Maximien, il en avait exigé une assurance générale qu’il soumettrait toutes ses actions à l’autorité de son bienfaiteur, ou une promesse particulière qu’il descendrait du trône au premier signal, et lorsqu’on lui en donnerait l’exemple. Un pareil engagement, quoique confirmé par un serment solennel devant l’autel de Jupiter Capitolin[2], n’aurait point eu assez de force pour contenir le caractère violent d’un prince dont la passion était l’amour du pouvoir, et qui n’ambitionnait ni le repos pour la fin de sa vie, ni la gloire après sa mort ; mais il céda, quoique avec répugnance, à l’ascendant qu’avait pris sur lui un collègue plus sage ; et il se retira, immédiatement après son abdication, dans une maison de campagne en Lucanie, où il était presque impossible à cet esprit turbulent de trouver aucune tranquillité durable.

Retraite de Dioclétien à Salone.

Dioclétien, qui de l’esclavage était monté sur le trône, passa les neuf dernières années de sa vie dans

  1. Les difficultés et les méprises sur les dates de l’année et du jour de l’abdication de Dioclétien sont parfaitement éclaircies par Tillemont (Hist. des Empereurs, t. IV, p. 525, note 19) et par Pagi, ad Annum.
  2. Voyez Panegyr. vet., VI, 9. Le discours fut prononcé après que Maximien eut repris la pourpre.