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mois. On croyait qu’il paraîtrait devant le sénat avec les marques de la dignité consulaire ; mais, blessé de l’excessive familiarité du peuple, il quitta Rome avec précipitation treize jours avant celui où devait avoir lieu cette cérémonie[1].

Abaissement de Rome et du sénat.

Le dégoût qu’il montra pour Rome et pour le ton de liberté qui régnait parmi ses habitans, ne fut point l’effet d’un caprice momentané ; toutes ses démarches étaient le résultat de la politique la plus artificieuse. Ce prince habile avait adopté un nouveau système d’administration, qui fut entièrement exécuté dans la suite par la famille de Constantin. Comme le sénat conservait religieusement l’image de l’ancien gouvernement, Dioclétien résolut d’enlever à cet ordre le peu de pouvoir et de considération qui lui restait. Rappelons-nous quelles furent la grandeur passagère et les espérances ambitieuses des sénateurs huit ans environ avant l’avènement de ce monarque. Tant que l’enthousiasme subsista, quelques nobles eurent l’imprudence de déployer leur zèle pour la cause de la liberté ; et lorsque les successeurs de Probus eurent abandonné le parti de la république, ces fiers patriciens furent incapables de déguiser leur inutile ressentiment. Comme souverain de l’Italie, Maximien fut chargé d’anéantir cet esprit d’indépendance, plus incommode que dange-

  1. Lactance, De mort. pers., c. 17. Ammien-Marcellin dit, dans une occasion semblable, que dicacitas plebis n’est pas fort agréable à une oreille impartiale. (Voy. l. XVI, c. 10.)