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pouvoir, partagea seul la gloire de cette journée. Les deux Césars avaient combattu et remporté des victoires ; mais le mérite de leurs exploits fut attribué, selon la rigueur des anciennes maximes, à l’heureuse influence de leurs pères et de leurs empereurs[1]. Le triomphe de Dioclétien et de Maximien, moins magnifique peut-être que ceux d’Aurélien et de Probus, brillait de l’éclat d’une renommée et d’une fortune supérieures à plusieurs égards. L’Afrique et la Bretagne, le Rhin, le Danube et le Nil, fournissaient chacun leurs trophées ; mais ce qui faisait le plus bel ornement de cette fête, c’était une victoire remportée sur les Perses, et suivie d’une conquête importante. On portait devant le char impérial les représentations des rivières, des montagnes et des provinces. Les images[2] des femmes, des sœurs et des enfans du grand Roi formaient un spectacle nouveau, et flattaient la vanité du peuple. Une considération d’une nature moins brillante rend ce triomphe remarquable aux yeux de la postérité. C’est le dernier qu’ait jamais vu Rome. Bientôt après, les empereurs cessèrent de vaincre, Rome cessa d’être la capitale de l’empire.

  1. Durant le temps des vicennales, Galère paraît avoir gardé son poste sur le Danube. Voyez Lactance, De mort. pers., c. 38.
  2. Eutrope (IX, 27) parle de cette famille comme si elle eût fait partie du triomphe ; mais les personnes avaient été rendues à Narsès ; on ne pouvait donc exposer que leurs images.