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loin de paraître l’effet d’une tyrannie jalouse, doit être applaudi comme un acte de prudence et d’humanité. [Il détruit les livres d’alchimie.]« On rechercha soigneusement, par ses ordres, tous les anciens livres qui traitaient de l’art admirable de faire de l’or et de l’argent. Dioclétien les livra sans pitié aux flammes, craignant, comme on nous l’assure, que l’opulence des Égyptiens ne leur inspirât l’audace de se révolter contre l’empire[1]. » Mais s’il eût été convaincu de la réalité de ce secret inestimable, au lieu de l’ensevelir dans un éternel oubli il s’en serait servi pour augmenter les revenus publics. Il est bien plus vraisemblable que ce prince sensé connaissait l’extravagance de ces prétentions magnifiques, et qu’il voulut préserver la raison et la fortune de ses sujets d’une occupation funeste. [Nouveauté et progrès de cet art.]On peut remarquer que ces ouvrages anciens, attribués si libéralement à Pythagore, à Salomon ou au fameux Hermès, n’étaient cependant qu’un funeste présent de quelques adeptes plus modernes. Les Grecs ne s’attachèrent ni à l’abus ni à l’usage de la chimie. Dans ce recueil immense, où Pline a consigné les découvertes, les arts et les erreurs de l’esprit humain, il n’est point parlé de la transmutation des métaux. La persécution de Dioclétien est le premier événement authentique dans l’histoire de

    deux cent mille boisseaux. Chronicon Paschale, p. 276 ; Procope, Hist. arcan., c. 26.

  1. Jean d’Antioche, in Excerp. ; Val., p. 834 ; Suidas, dans Dioclétien.