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les guerres plus difficiles, et dont l’événement paraissait plus douteux, il se servait du bras de Maximien ; et ce soldat fidèle attribuait modestement ses exploits aux sages conseils et à l’heureuse influence de son bienfaiteur. Mais après l’adoption des deux Césars, les empereurs préférant un théâtre moins agité, confièrent à leurs fils adoptifs la défense du Rhin et du Danube. [Valeur des Césars.]Le vigilant Galère ne fut jamais réduit à la nécessité de combattre les Barbares sur le territoire de l’empire[1]. Le brave et infatigable Constance délivra la Gaule d’une terrible invasion des Allemands. Vainqueur à Vindonesse et à Langres, où il courut un grand danger, il y développa les talens d’un général habile. Comme il traversait le pays avec une faible escorte, il se trouva tout à coup environné d’une troupe d’ennemis supérieurs en nombre ; et ce ne fut qu’avec peine qu’il gagna Langres. Les habitans, dans la consternation générale, refusèrent d’ouvrir leurs portes, et le prince blessé fut, à l’aide d’une corde, tiré au-dessus des murs. À cette nouvelle, les troupes romaines volèrent de toutes parts à son secours : avant la fin de la journée, Constance satisfit à la fois sa vengeance et son honneur par le massacre de six mille Allemands[2].

  1. Il se plaint, quoique avec peu d’exactitude, jam fluxisse annos quindecim in quibus in Illyrico, ad ripam Danubii relegatus cum gentibus barbaris luctaret. (Lactance, De morte persecut., c. 18.)
  2. Dans le texte grec d’Eusèbe, on lit six mille ; j’ai préféré ce nombre à celui de soixante mille, qui se trouve