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rable et des travaux immenses, on mit en mer une nouvelle flotte[1], les troupes impériales, qui n’avaient jamais porté les armes sur cet élément, furent bientôt défaites par les matelots expérimentés de l’usurpateur. Cet effort inutile amena un traité de paix. Dioclétien et son collègue, qui redoutaient avec raison l’esprit entreprenant de Carausius, lui cédèrent la souveraineté de la Bretagne, et admirent, quoique avec répugnance, un sujet rebelle aux honneurs de la pourpre[2]. Mais l’adoption des Césars rendit une nouvelle vigueur aux armes romaines. Tandis que Maximien assurait par sa présence les frontières du Rhin, son brave associé Constance prit la conduite de la guerre de Bretagne. Sa première entreprise fut le siége de l’importante place de Boulogne. Un môle d’une prodigieuse grandeur, construit à l’entrée du port, ôta à la ville tout espoir de secours. Elle se rendit après une résistance opiniâtre ; et la plupart des vaisseaux de Carausius tombèrent entre les mains des assiégeans. [Ann. 292.]Constance se disposa

  1. Lorsque Mamertin prononça son premier panégyrique, les préparatifs de Maximien pour son expédition navale étaient achevés, et l’orateur annonçait une victoire certaine ; son silence, dans le second panégyrique, aurait pu seul nous apprendre que l’expédition n’avait pas réussi.
  2. Aurel.-Victor, Eutrope et les médailles (Pax augg.) nous font connaître cette réconciliation momentanée ; mais je ne me hasarderai pas à rapporter textuellement les articles du traité, comme l’a fait le docteur Stukely, dans son Histoire numismatique de Carausius, p. 86, etc.