Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/322

Cette page a été validée par deux contributeurs.

térait point une union si parfaite. On comparait cet accord singulier à un chœur de musique, dont la main habile du premier artiste règle et entretient l’harmonie[1].

Ordre des faits.

L’élection des deux Césars n’eut lieu que six ans environ après l’association de Maximien. Dans cet intervalle il se passa plusieurs événemens mémorables ; mais, pour mettre de la clarté dans notre narration, nous avons préféré d’exposer d’abord dans son ensemble la forme du gouvernement établi par Dioclétien, et de rapporter ensuite les événemens de son règne, en suivant plutôt l’ordre naturel des faits que les dates d’une chronologie fort incertaine.

État des paysans de la Gaule. A. D. 287.

Le premier exploit de Maximien, dont les monumens imparfaits de ce siècle ne parlent qu’en peu de mots, mérite, par sa singularité, de trouver place dans une histoire destinée à peindre les mœurs du genre humain. Il réprima les paysans de la Gaule, qui, sous le nom de Bagaudes[2], désolaient cette province : ce soulèvement général peut être comparé à ceux qui dans le quatorzième siècle troublèrent successivement la France et l’Angleterre[3].

  1. Julien, in Cæsarib., p. 315 ; Notes de Spanheim à la traduction française, p. 122.
  2. Le nom général de Bagaudes, pour signifier rebelles, fut employé en Gaule jusque dans le cinquième siècle. Quelques-uns le tirent du mot celtique Bagad, assemblée tumultueuse. Scaliger, ad Euseb. ; Ducange, Glossaire.
  3. Chron. de Froissard ; t. I, c. 182 ; II, 73-79. La naï-