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Dans la carrière des honneurs, Probus se montra toujours supérieur au grade qu’il occupait. L’Afrique et le Pont, le Rhin, le Danube, le Nil et l’Euphrate, lui fournirent tour à tour les occasions les plus brillantes de développer son courage personnel et ses talens militaires. Aurélien lui dut la conquête de l’Égypte, et fut encore plus redevable à la fermeté héroïque avec laquelle il réprima souvent la cruauté de son maître. Tacite, qui voulait suppléer à son peu d’expérience pour la guerre par l’habileté de ses généraux, nomma Probus commandant en chef de toutes les provinces orientales, lui donna un revenu cinq fois plus considérable que les appointemens attachés à cette place, lui promit le consulat, et lui fit espérer les honneurs du triomphe, Probus avait environ quarante-quatre ans[1] lorsqu’il monta sur le trône. Il jouissait alors de toute sa réputation, de l’amour des troupes, et de cette vigueur d’esprit et de corps propre aux plus grandes entreprises.

Sa conduite respectueuse envers le sénat.

Son mérite reconnu, et le succès de ses armes contre Florianus le laissaient sans ennemi ou sans rival. Cependant, si nous en croyons sa propre déclaration, bien loin d’avoir recherché la pourpre, il ne l’avait acceptée qu’avec la plus sincère répugnance. « Mais il n’est déjà plus en mon pouvoir, dit-il dans une lettre particulière, de renoncer à un

  1. Selon la Chronique d’Alexandrie, il avait cinquante ans lorsqu’il mourut.